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Au Liban, une mère en quête de justice pour sa famille tuée par Israël
information fournie par AFP 26/11/2025 à 12:20

La Libanaise Amani Bazzi, à droite, avec sa fille Aseel, 13 ans, grièvement blessée dans une frappe israélienne, dans un hôpital de Beyrouth, le 25 novembre 2025  ( AFP / Joseph EID )

La Libanaise Amani Bazzi, à droite, avec sa fille Aseel, 13 ans, grièvement blessée dans une frappe israélienne, dans un hôpital de Beyrouth, le 25 novembre 2025 ( AFP / Joseph EID )

En l'espace d'un instant, Amani Bazzi a perdu son mari et trois de ses jeunes enfants, tués par une frappe israélienne dans le sud du Liban au retour d'un déjeuner familial. Deux mois plus tard, elle se dit prête à combattre "jusqu'au bout" pour "obtenir justice".

"Nos enfants étaient toute notre vie, nous faisions tout ensemble", raconte à l'AFP cette femme de 33 ans depuis un hôpital de Beyrouth où sa fille Aseel, 13 ans, reçoit toujours des soins pour des blessures graves sur tout le corps.

Désormais, sa mère est hantée de questions: "Pourquoi ont-ils dû être impliqués dans cette scène horrible? Pourquoi cela nous est-il arrivé?"

Un an après le cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à sa guerre avec le Hezbollah pro-iranien, Israël poursuit ses frappes contre le Liban et les a intensifiées ces dernières semaines.

Il affirme viser des membres ou des infrastructures du mouvement islamiste libanais qu'il accuse de se réarmer, ce que ce dernier dément.

La voiture de la famille d'Amani Bazzi après une frappe israélienne à Bint Jbeil, dans le sud du Liban, le 22 septembre 2025 ( AFP / Mahmoud ZAYYAT )

La voiture de la famille d'Amani Bazzi après une frappe israélienne à Bint Jbeil, dans le sud du Liban, le 22 septembre 2025 ( AFP / Mahmoud ZAYYAT )

Le 21 septembre, Amani Bazzi et son mari Chadi Charara, un vendeur de voitures de 46 ans, rentraient de chez ses parents habitant à Bint Jbeil, près de la frontière israélienne.

Dans la voiture se trouvaient leurs filles Aseel et Céline, dix ans, ainsi que leurs jumeaux Hadi et Cylan, âgés de 19 mois.

"Nous n'avions pas peur parce que nous ne faisons partie d'aucun parti politique", explique la jeune femme.

- "Paradis" -

La frappe a touché la voiture de la famille d'Amani Bazzi lorsqu'elle était à l'arrêt pour saluer un proche de son mari passant à moto, qui a également été tué.

Un photographe de l'AFP a vu la carcasse du véhicule, qui contenait selon Amani Bazzi la poussette des jumeaux, de la nourriture donnée par sa mère, ainsi que les chaussures qu'ils venaient d'acheter pour le petit Hadi.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a indiqué que le raid avait tué un membre du Hezbollah, sans toutefois l'identifier. Elle a reconnu que "plusieurs civils" avaient été tués, ajoutant "regretter tout dommage causé à des personnes non impliquées" et précisant qu'une enquête avait été ouverte.

Quelque 340 personnes ont été tuées et près de 1.000 blessées au Liban depuis le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, un allié du mouvement islamiste palestinien Hamas, selon le ministère libanais de la Santé.

La Libanaise Aseel, 13 ans, fille d'Amani Bazzi, pose dans un hôpital de Beyrouth avec une photo d'elle-même, prise avant qu'elle ne soit grièvement blessée par une frappe israélienne, le 25 novembre 2025  ( AFP / Joseph EID )

La Libanaise Aseel, 13 ans, fille d'Amani Bazzi, pose dans un hôpital de Beyrouth avec une photo d'elle-même, prise avant qu'elle ne soit grièvement blessée par une frappe israélienne, le 25 novembre 2025 ( AFP / Joseph EID )

Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, Thameen Al-Kheetan, a déclaré mardi que le bureau avait établi qu'au moins 127 civils avaient été tués dans des frappes israéliennes depuis novembre 2024.

Lors des funérailles, les cercueils des membres de la famille de Mme Bazzi étaient recouverts du drapeau libanais, contrairement aux obsèques des membres du Hezbollah, dont les cercueils sont généralement drapés de l'étendard jaune du mouvement.

Gravement blessée dans la frappe, Amani Bazzi avait assisté à la cérémonie sur une civière, le bracelet de l'hôpital au poignet.

La jeune mère garde précieusement les vidéos de Hadi et Cylan, où on les voit rire et jouer ensemble, ainsi que celles montrant sa fille Céline en train de chanter.

Cette dernière était comme une seconde maman pour les jumeaux. "Maintenant, c'est sûr, elle est leur mère au paradis", dit-elle.

- "Innocents" -

Le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Morris Tidball-Binz, a déclaré à l'AFP que l'attaque "était un assassinat ciblé de civils non armés" et violait le droit international.

L'an dernier, l'appartement de la famille d'Amani Bazzi à Tyr a été détruit lorsqu'un raid israélien visant un immeuble voisin a déclenché un incendie, raconte la jeune femme, vêtue d'un pull portant l'inscription "J'aimerais que vous soyez là" et un badge à l'effigie de son mari et de ses enfants.

La Libanaise Amani Bazzi montre sur son téléphone une photo de ses deux jumeaux tués par une frappe israélienne, à Tebnine, dans le sud du Liban, le 22 septembre 2025 ( AFP / MAHMOUD ZAYYAT )

La Libanaise Amani Bazzi montre sur son téléphone une photo de ses deux jumeaux tués par une frappe israélienne, à Tebnine, dans le sud du Liban, le 22 septembre 2025 ( AFP / MAHMOUD ZAYYAT )

"Nous continuerons jusqu'au bout (...) pour atteindre la communauté internationale" et les tribunaux internationaux "afin d'obtenir justice pour Chadi, Hadi, Cylan et Céline", affirme-t-elle.

Aseel, à la voix douce mais au regard déterminé, assure que lorsqu'elle quittera l'hôpital et sera "remise sur pied", la première chose qu'elle fera sera de "leur rendre justice".

"C'était une injustice, ils étaient innocents. Cela n'aurait jamais dû leur arriver."

4 commentaires

  • 13:23

    Et israel va ensuite se demander pourquoi les citoyens des pays développés européens ou américains rejettent cet état en dissidence avec les valeurs occidentales !


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